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Chapitre 2 : Ma petite entreprise et Océane

[hommage à l’amour de ma vie]


Ma petite entreprise connaît une crise. Ma petite entreprise reste ma locomotive, qui fait que je bosse le lundi, le mardi, le mercredi, etc, etc,... Ce satané coronavirus m’empêche de danser avec elle, de la faire virevolter, la freine dans son élan, lui fait rater son entrechat. Elle trébuche et je la rattrape, la laisse reprendre son souffle. Je reste seul en scène, un peu déboussolé, en sachant que je n’ai pas le droit de gâcher ma chance, cette opportunité d’être à la barre de mes journées. Je ne laisserais rien m’échapper. Et si le travail d’avant nous a permis de danser jusque là, il faut s’y remettre pour reprendre notre slow, notre valse, notre tango, notre rock.


S’il vous plaît, cachez vos écrans, que la femme que j’aime ne découvre pas ma passion dévorante. Trop tard ! Elle a lu par dessus mon épaule et m’a distribué une petite claque (méritée ?) sur le sommet du crâne. Moi, pauvre homme battu !


“De toute façon, tu ferais quoi si t’avais plus ton Ogma ?”

Je deviendrais certainement insupportable, disons plus que maintenant. La barre atteint déjà un sacré niveau : quand le téléphone sonne le week-end ou le soir alors qu’elle a allumé des bougies et préparé un gratin de pommes de terre (oui, je trouve ça romantique, un romantisme un peu rural sans doute). Ou quand je ne l’écoute pas parce que je me demande comment négocier avec tel ou tel client ou quoi faire pour gratter des parts de marché. Ou quand je lui promets d’écrire un livre et que je ne prends même pas le temps de lui écrire un post-it avec un coeur dessus, un post-it que je poserais à côté du petit-déjeuner que je ne lui prépare pas. Ou quand je lui dis que ce week-end, c’est soirée sponsors au basket, puis remises de coupes à l'athlétisme avant de m’effondrer sur la canapé jusqu’au lundi matin pour enchaîner sur une nouvelle boucle.


Savez-vous à quel point elle est exceptionnelle ? Sur une échelle de 0 à 37 :

à 2, elle me présenterait à sa famille

à 3, elle supporterait d’aller dîner dans la mienne

à 7, elle viendrait vivre avec moi

à 11, elle s’intéresserait à la vie de mon entreprise

à 13, elle me conseillerait de trouver un peu de temps pour me défouler

à 17, elle viendrait faire mon inventaire durant son temps libre

à 19, elle me préparerait un bain les jours où je pars avant 6 heures du matin

à 23, elle organiserait nos vacances et nos week-ends sans rien me reprocher

à 29, elle se coucherait à la même heure de poule que moi

à 29 bis, elle ne jugerait pas mes expressions de vieux

à 31, elle écouterait jusqu’au bout mes idées folles

à 37, elle me jurerait d’être toujours avec moi

Forcément, elle a déjà accédé au stade 41, voire 43. L’échelle semble bien petite pour mesure tout l’amour qu’elle porte en elle.


Il en faut des sacrifices pour faire prospérer une entreprise. On perd le sommeil et on gagne des cheveux blancs avant la trentaine. On reçoit un maigre salaire à la fin du mois et on donne argent/temps/produits parce que ça fait parfois plaisir, parce que c’est le fonctionnement du business (mais ceci est une autre histoire qui sera contée une autre fois). A Noël, on explique à cette femme incroyable (la même décrite un peu plus haut) que la Porsche attendra encore un peu, comme le jacuzzi, parce qu’on ne se paie pas à l’heure, parce qu’il ne reste pas grand chose sur la vente d’un tee shirt. Elle joue le jeu, on s’offre des moments ensemble.


Ma petite entreprise n’est plus la seule fin en soi. Ogma terrasse ses ennemis par l’éloquence. Océane terrasse Thibaud par ses regards. Désormais il y a Elle. Se battre pour ne pas la décevoir, pour lui offrir tout ce qui possible, pour la rendre heureuse de mille et une manières imaginables et irréalistes. Un but bien supérieur au simple fait de travailler et de mériter sa place.


Finalement, ce confinement a du bon : je reste auprès d’elle. La vraie question : combien de temps va-t-elle me supporter ?


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